Accompagner la nécessaire décarbonation des industries régionales

Publié le 9 février 2024 | Dernière mise à jour le 29 février 2024

  • Envoyer a un ami
  • facebook twitter
La décarbonation de l’industrie française est un défi majeur, les technologies et énergies fossiles ayant structuré son histoire depuis la première révolution industrielle. L’objectif de neutralité carbone est un autre défi par le rythme de la transition qu’il impose, avec, par exemple, l’objectif climatique européen de réduction de 55% des émissions de gaz à effet de serre (GES) entre 1990 et 2030. Gros effort à réaliser, en France comme dans les Hauts-de-France.
 

© Bercy Photo Sebastien Muylaert

Les Hauts-de-France, gros émetteur de gaz à effet de serre (GES)

En 2020, les émissions directes de GES des Hauts-de-France s’élèvent à plus de 12,5 % (source Observatoire du Climat) des émissions nationales. Le secteur industriel (hors production d’énergie) représente environ 30% des émissions de gaz à effets de serre de la région.

La région compte 9 sites qui font partie des 50 plus gros émetteurs de GES français. Pour l’année 2022, ces 9 sites représentent 71% des émissions industrielles soumises à quotas CO2 de la région (hors unités de production d’énergie) soit près de 10 millions de tonnes de CO2.

La zone industrielle de Dunkerque représente en 2018-2019 23% des émissions de GES, juste après la zone industrielle Marseille-Fos-Berre. La cartographie ci-dessous est plutôt suggestive :

L’accompagnement vers la décarbonation des Hauts-de-France

La DREETS, à travers son service économique de l’Etat en région (SEER), s’est mis en ordre de bataille avec ses partenaires (DREAL, ADEME) pour accompagner de manière personnalisée les 40 plus gros émetteurs régionaux de GES. L’idée est d’échanger, identifier et accélérer les projets de décarbonation de ces entreprises et accompagner de nouveaux projets tout en nourrissant la connaissance des besoins énergétiques à horizon 2030 et 2050 dans le cadre de la programmation pluri-annuelle de l’énergie.

Le SEER va suivre l’avancement de la zone industrielle bas carbone de Dunkerque (voir ci-dessous) en mettant en oeuvre un ensemble d’investissements, d’expérimentations, de synergies et d’innovations.
Il s’appuie sur les acteurs clefs (ADEME, DREAL, Bpifrance, Conseil régional,…) et les relais (consulaires, clusters, pôles de compétitivité, ...) afin de mailler efficacement le territoire et de toucher un maximum d’émetteurs tout en assurant la promotion des dispositifs d’aide à la décarbonation ainsi que des bonnes pratiques déjà existantes chez les industriels.

« Dkarbonation », le projet de zone industrielle bas carbone du Dunkerquois

Le groupement d’intérêt public Euraénergie, outil territorial animant l’écosystème industriel et portuaire de Dunkerque, a été lauréat en janvier 2023 de l’appel à projet « zone industrielle bas carbone » (ZIBAC) lancé dans le cadre du plan France 2030.

À travers ce programme, l’État accompagne le territoire industriel du Dunkerquois dans sa transformation écologique et énergétique afin de gagner en compétitivité et en attractivité. Ce programme permet aussi de faire rayonner à l’échelle internationale les technologies, innovations et le savoir-faire industriel français.
La première phase du programme ZIBAC consiste en la maturation via la réalisation d’études stratégiques sur les technologies de rupture et les infrastructures nécessaires à la mise en place de la zone industrielle bas carbone.

Il se traduit par le projet « DKarbonation » qui fixe l’objectif du territoire Dunkerquois : -30% d’émissions de GES en 2030 et neutralité carbone en 2050. La volonté d’Euraénergie est d’intégrer les plus gros émetteurs de CO2 dans un rayon de 70 km autour de Dunkerque.

Le plus gros émetteur de la région, ARCELORMITTAL à Dunkerque est évidemment une cible prioritaire de décarbonation. Le site représente à lui seul 48 % des émissions de GES des établissements soumis à quotas CO2 de la région.

En parallèle, il ne faut pas négliger les émissions restantes et les « industries diffuses » (TPE, PME/PMI et ETI), qui souhaitent également amorcer et réussir leur transition énergétique pour des raisons de compétitivité et de pérennité.

LES QUATRE PILIERS DE LA DÉCARBONATION

La décarbonation de notre industrie repose sur quatre piliers technologiques :
l’électrification des procédés, notamment pour la décarbonation de la production de chaleur basse et moyenne température ;
•la biomasse, mobilisée pour produire la chaleur haute température (chimie, agro-alimentaire, matériaux de construction) ou pour la chimie biosourcée ;
l’hydrogène en substitut aux énergies fossiles pour les procédés chimiques ou sidérurgiques ou pour le transport lourd ou à grande distance ; L’atteinte des objectifs de réduction des GES implique l’usage massif d’hydrogène vert, pourvoyeur de nombreuses solutions pour décarboner. C’est la raison pour laquelle Dunkerque accueille le premier Hub Hydrogène et CO2 français dédié à la décarbonation.
la capture de carbone lorsqu’il n’y a pas d’alternative technologique.

L’ÉTAT ET LA DÉCARBONATION DE L’INDUSTRIE FRANÇAISE

Des engagements pour une industrie décarbonée
Face au changement climatique, la France a pris des engagements visant à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES). Au niveau européen, le paquet « Fit for 55 » (juillet 2021) fixe aux États membres de l’Union européenne un objectif de réduction des émissions de 55 % en 2030 par rapport à 1990. Au niveau national, la stratégie nationale bas carbone (SNBC) impose une baisse de 80 % des émissions du secteur industriel en 2050 par rapport à 1990.

Une décarbonation tendancielle depuis 30 ans
Entre 1990 et 2019, les émissions directes de GES de l’industrie manufacturière française ont diminué de 45 %. Cette baisse reflète principalement des améliorations technologiques et des gains d’efficacité énergétique. Cette baisse s’est toutefois accompagnée d’une hausse des émissions liées aux importations. L’industrie manufacturière demeure toutefois l’un des secteurs les plus émetteurs au niveau national (environ 20 % des émissions en 2019), à égalité avec l’agriculture et derrière les transports (environ 30 % des émissions).

Planifier la décarbonation de l’industrie manufacturière
L’État est intervenu dès 2020, dans le cadre du plan France Relance, avec une enveloppe de 1,2 milliard d’euros. Le Fonds décarbonation de l’industrie a permis de soutenir un nombre inédit de projets de décarbonation. L’État poursuit aujourd’hui cet effort d’investissement aux côtés des entreprises à travers le plan France 2030 et le lancement d’un programme d’ampleur permettant d’accompagner toutes les entreprises industrielles dans leur transition écologique.